L’écoféminisme, né dans les années 1970, relie la domination des femmes et celle du vivant. Il met en lumière les liens entre patriarcat et désastres écologiques et propose des alternatives féministes pour restaurer l’harmonie entre les humains et leur environnement. Dans les festivals écoféministes, ces idées prennent chair et vie à travers des formes variées : débats, concerts, expositions, rituels, cercles de parole ou encore ateliers pratiques.
Ces festivals se veulent souvent à la fois des espaces de réflexion collective, de sororité et d’empowerment, mais aussi des lieux où émergent des luttes communes, tissant des solidarités entre écologistes, féministes et autres mouvements en lutte.
Depuis quelques années, le collectif des Simones organise des événements autour des enjeux écoféministes, avec un festival annuel pour point d’orgue. Les Fêtes des Simones, qui se tiennent généralement dans la Drôme ou en région Occitanie, sont un mélange audacieux de conférences militantes, de cercles de paroles sur les masculinités ou le care, et de concerts qui célèbrent la rage et la douceur.
Les Simones mettent un point d’honneur à créer des événements inclusifs, accessibles financièrement et portés par une démarche écoresponsable. Le festival attire chaque année plusieurs centaines de personnes, avec un public à la fois local et venu de toute la France. Ce lieu de fête et de convergence illustre parfaitement l’âme des luttes écoféministes : joyeuse, engagée et intergénérationnelle.
Bien qu’il ne soit pas uniquement écoféministe, le Climax Festival, qui se déroule à Bordeaux, intègre de plus en plus d’événements et d’intervenantes promouvant les idées écoféministes. Débats sur les oppressions croisées, performances artistiques autour de l’empowerment des femmes et réflexions sur une écologie intersectionnelle y prennent une place croissante.
En 2023, le Climax a par exemple accueilli Vandana Shiva, figure majeure de l’écoféminisme mondial, dont les discours ont particulièrement résonné auprès des milliers de festivaliers présents. Cette rencontre entre vision locale et internationale caractérise le Climax, qui ne cesse de monter en puissance avec plus de 10 000 visiteurs annuels.
Terra Femina est un petit festival encore confidentiel mais qui gagne du terrain, notamment dans les milieux militants. Installé dans le Massif Central, ce rendez-vous écoféministe met l’accent sur l’autogestion et les démarches horizontales de prise de décisions.
Au programme : ateliers de permaculture, yoga et méditation sur le thème du lien avec la nature, réflexions sur la place de la violence dans les luttes féministes, et des soirées festives en partenariat avec des artistes engagées. Ce festival est en train de devenir une référence pour celles et ceux qui cherchent du contenu militant tout en favorisant la reconnexion avec le vivant.
Ces manifestations plus modestes, parfois autogérées et organisées avec des budgets réduits, enrichissent le paysage écoféministe français par leur capacité à innover et à susciter des espaces de dialogue où les luttes convergent.
Le succès croissant des festivals écoféministes en France reflète une soif d’alternatives, particulièrement chez les jeunes générations. Pour de nombreuses personnes, ces événements proposent des réponses concrètes et des moments de partage à une époque marquée par l’urgence écologique, les inégalités et l’épuisement des cadres politiques traditionnels.
En remettant en question les modèles dominants (capitalistes, patriarcaux, extractivistes), ces festivals nourrissent des imaginaires collectifs où les utopies deviennent tangibles. Le format festivalier, avec sa convivialité, son effervescence et sa capacité à vivre ensemble autrement pendant quelques jours, constitue en soi un puissant levier pour expérimenter des alternatives et bâtir des solidarités durables.
Les festivals écoféministes ne se limitent pas à célébrer des idées ; ils les incarnent. En alliant engagement, culture et mise en pratique, ces événements tissent des ponts entre les militant·es de divers horizons et les curieuses et curieux en quête d'inspiration. Ils ne cessent d'évoluer, accueillant des initiatives toujours nouvelles, portées par l'énergie collective de celles et ceux qui souhaitent transformer le monde.
Que vous soyez fervent·e défenseur·se de ces luttes ou simplement intrigué·e par ces espaces, franchir les portes d'un festival écoféministe en France, c’est se plonger dans une expérience hybride : à la fois réflexion et action, fête et engagement, rêve et reconstruction. Une véritable invitation à imaginer autrement.